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  • Photo du rédacteurLouane Jean

Urbex : l'histoire oubliée, réanimée


L'urbex, abrégé d'exploration urbaine, se popularise à Toulouse depuis une dizaine d'années. Les adeptes de cette pratique dévoilent ces lieux au grand public à l'aide de photos et vidéos. Nous avons rencontré deux d'entre eux, Emmanuel Teclès et Romain, passionnés de lieux abandonnés et amoureux d'histoire.


Le Youtubeur Romain, marchant sur le toit d’un lieu abandonné près de Toulouse ©Louane Jean


L'appareil photo à la main, il avance prudemment dans les couloirs de ce bâtiment délaissé. Les vitres sont cassées, les murs tagués et les planchers abîmés par le temps. Romain, élève au lycée Saint-Exupéry de Blagnac, s'imprègne de l'ambiance angoissante et fascinante du lieu. « Tu te sens à la fois très seul, mais tu te sens aussi surveillé, tu te dis que quelque chose te regarde ». A travers ses photos et vidéos, il veut laisser une trace du bâtiment qui sera peut-être détruit, « pour que tout le monde puisse voir une partie de l'histoire oubliée, figée dans le temps ».


Emmanuel Teclès, professeur d'EPS et photographe, a découvert cette pratique par hasard, « j'en ai fait sans le savoir ». Il explique se renseigner sur les lieux avant de s'y rendre pour leur rendre hommage et perpétuer leur histoire. « C'est un voyage vers le passé, […] la magnificence du temps qui s'abat sur les murs, tout ce qui est texture, l'ambiance, les lumières. » Par le biais de ses photos, il dénonce l'abandon de ce patrimoine, c'est « une dénonciation sociétale de la consommation, sur le fait qu'on a de belles choses mais qu'on est incapable de préserver. »


« Un lieu dont l'adresse est révélée a moins d'un mois d'espérance de vie »


Préserver les lieux est la chose la plus importante pour ces deux explorateurs. Une dizaine d’année auparavant ils étaient seulement une trentaine de personnes à faire de l’Urbex en France. L’ambiance était familiale et le frisson au rendez-vous. Cette discipline à commencer à attirer les médias et de nombreux reportages ont vu le jour, mettant en lumière ce monde glauque et fascinant. Or cette popularisation a « entraîné le début des dérives » selon Emmanuel Tecles qui se dit maintenant réticent sur le mot Urbex et parle pour lui de « photo d’exploration ». Il y a donc maintenant une règle d’or que tous les amoureux de vieille pierre respectent : il ne faut jamais donner l’adresse des lieux.


Que ce soit dans les vidéos de Romain ou bien les photos d’Emmanuel T, ils ne montrent pas les entrées dans lieux pour éviter que des personnes mal intentionnées s’y rendent pour piller, casser, dégrader. Ils souhaitent « montrer sans indiquer car ça fait partie d’une notion de patrimoine, de respect et d’hommages des lieux. ». Le Youtubeur indique que ces vidéos on pour but de laisser une trace de cette histoire et incite donc à « si vous venez, laissez tout en place, ne prenez rien, ne cassez rien ». Le photographe lui, s’insurge contre les grands Youtubeurs qui ont pour lui transformer l’activité : « Ce n’est plus vraiment une activité noble, c’est devenu un hashtag pute à clic, un prétexte de youtubeur pour faire des vues et de l’argent.»


Manon Warnau et Louane Jean

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